ce que je vois

Chronique – Élémentaire

Créateur : Peter Sohn, pour Walt Disney Pictures et Pixar Animation Studios 
Acteurs : Leah Lewis et Mamoudou Athie pour la VO, Adèle Exarchopoulos et Vincent Lacoste pour la VF
Durée : 1h42min
Résumé : Dans la ville d’Element City, le feu, l’eau, la terre et l’air vivent dans la plus parfaite harmonie. C’est ici que résident Flam, une jeune femme intrépide et vive d’esprit, au caractère bien trempé, et Flack, un garçon sentimental et amusant, plutôt suiveur dans l’âme. L’amitié qu’ils se portent remet en question les croyances de Flam sur le monde dans lequel ils vivent… (Allô ciné)
Bande-annonce (VF) :

Vous pensez sérieusement que j’allais passer à côté ? Je suis fan de l’utilisation des éléments, parce que c’est riche. On peut l’aborder de plein de façons différentes et faire passer plein de messages, certains évidents et d’autres moins. C’est le cas de ce film, et je vous explique pourquoi je l’ai A-DO-RÉ !

Évidemment, la présence des éléments implique le thème des différences, des complémentarités et tout et tout, vous vous en doutez. Les deux héros qu’on suit et qui vont finir par tomber amoureux (je spoile rien, tout est dans la BA) sont l’exemple type de ça. Et bien sûr, ça implique l’amour impossible… Mais attardons-nous un peu plus sur eux.

Flam, dans un premier temps, est une héroïne qu’on peut classer dans un premier temps chez les “badass”, les filles qui n’ont pas froid aux yeux (… oui je ris de mon jeu de mots) mais elle est plus que ça. Elle est la fille de Brul et Sandra Lumen, qui font partie de la quatrième vague d’immigration à Element City, et elle habite à Fire Town, le coin des élémentaires feu. Son but ultime ? Reprendre le magasin que son père a ouvert et avec lequel la famille connaît le succès. Ne pas bouger de cet endroit, où elle a sa place, ses habitudes. Rendre son père fier d’elle. Mais elle ne parvient pas à gérer la clientèle, et a de fréquents accès de colère…

Flack, lui, c’est un héros très attachant. Il est sensible. Son superpouvoir, c’est l’empathie, contrairement à Flam qui ne parvient pas à comprendre les clients de son père. Et bon sang, qu’est-ce que ça fait du bien de voir un perso masculin qui n’a pas peur de pleurer ! C’est justifié par l’univers : les élémentaires eau ont tendance à beaucoup pleurer, comme on l’apprend avec une scène sur sa famille. Il sait animer les foules avec son empathie :

(si ça vous fait pas pleurer, je sais pas ce qu’il vous faut). Et son habilité à pleurer va même être très, très importante à l’issue du film. C’est incroyable que ce soit le personnage masculin qui ait ce pouvoir, et c’est ultra intéressant.

L’univers est incroyablement bien construit : Element City a été fondé par une première vague d’immigration, les élémentaires eau, puis une deuxième avec les terre, une troisième avec les air et une quatrième enfin avec les feu. Quelques petits exemples pour vous montrer la beauté des images que ça donne :

Rien qu’avec un aperçu de ces images, je peux embrayer sur mon prochain point : les disparités sociales liées à l’immigration. Le seul quartier qui est bien identifiable parce qu’encore à part, c’est le quartier des flamboyant, les derniers arrivants. Et d’un point de vue géographique et social, c’est grave intéressant ! Parce que c’est toujours la dernière vague d’immigration qui va attiser les tensions, permettant à celles d’avant de s’intégrer. Bel exemple avec la société américaine : lorsque les Irlandais sont arrivés suite à la Potato Famine, et bien, ils étaient super mal vus, en témoigne le nombre incroyable de caricatures et témoignages qui les ridiculise. Et pourtant au XXe siècle, les Kennedy, famille d’origine irlandaise, ont joué un rôle hyper important dans les plus hautes sphères politiques. Donc ce point abordé dans le film est super réaliste.

Enfin, et c’est le cœur de ce bijou, c’est le poids de l’héritage. Les parents de Flam ont traversé des épreuves de dingue pour pouvoir avoir cette maison et ce magasin. Ils ont travaillé comme des acharnés pour leur fille, pour être en capacité de lui donner un avenir sûr. Flam est consciente de leurs sacrifices, et c’est parce qu’ils ont tout sacrifié pour elle qu’elle souhaite les rendre fiers, quitte à s’oublier et à oublier ce qu’elle veut vraiment. Ce film nous parle de façon apaisée du poids de l’héritage dans les familles, et particulièrement dans les familles de déracinés.

Plus que jamais, ce film relève pour moi un super défi : comment avoir un thème “classique” et l’aborder de manière très originale.

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