ce que je vois

Chronique – Le règne animal

Créateur : Thomas Cailley
Acteurs : Romain Duris, Paul Kircher, Adèle Exarchopoulos
Durée : 2h08min
Résumé : Dans un monde en proie à une vague de mutations qui transforment peu à peu certains humains en animaux, François fait tout pour sauver sa femme, touchée par ce phénomène mystérieux. Alors que la région se peuple de créatures d’un nouveau genre, il embarque Émile, leur fils de 16 ans, dans une quête qui bouleversera à jamais leur existence. (Allô ciné)
Bande-annonce (VF) :

Je ne vais pas beaucoup au cinéma, vraiment, mais là je ne regrette pas du tout. Ce film est une petite pépite et je suis tellement contente de l’avoir regardé !!

Le pitch m’a déjà convaincue. Des gens qui se transforment en animaux ? Qui n’a jamais rêvé ça ? Bon, ma vibe est redescendue assez vite quand j’ai vu les dégâts que ça engendrait… L’univers autour de cette maladie est bien construit : on voit les différents stades de la maladie, on voit le développement de centres médicaux exprès pour accueillir les malades, on voit aussi la recherche scientifique qui se développe pour la comprendre. On pourrait à s’y méprendre penser que ça se passe dans le monde réel. Parce que c’est ça, le truc : nous ne sommes pas dans un monde futuriste, nous sommes dans notre monde à nous. Et en plus en France ! Je ne sais pas vous, mais savoir que ça se passait en France, reconnaître certains paysages, ça a rendu tout ça plus proche, plus vrai. Esthétiquement, le film est très beau : beaucoup de paysages à couper le souffle, des créatures plus vraies que nature grâce au mélange entre maquillage et effets numériques… Il y a dans tout ça une impression de réel, comme s’il suffisait d’ouvrir la porte pour se retrouver plongé dans cet univers.

On y suit François, qui cherche à tout prix à sauver sa femme atteinte de cette maladie. La première scène à l’hôpital est forte, selon moi : on ne voit jamais sa femme des pieds à la tête, seulement une silhouette sombre de dos et un focus sur ses yeux, autour desquels on voit des poils. La caméra s’attarde surtout sur les marques de griffes sur les murs, et sur Emile, leur fils, qui reste en retrait. On apprend un peu plus tard que c’est parce que sa mère l’a attaqué qu’elle s’est faite emmener, parce que les protections que son père avait mises en place pour la garder chez eux n’ont pas fonctionné. On comprend alors le regard que le garçon porte sur elle, plein de peur mêlée à de la culpabilité.

L’histoire commence alors quand François décide de suivre sa femme, alors transférée dans un nouvel hôpital dans le sud-ouest de la France. Il emmène avec lui son fils, pas très chaud à l’idée comme tous les ados, mais qui s’y fait quand même. Emile, c’est un garçon attachant, piquant, qui donne le change à son père aux idées trop de gauche pour que je ne l’aime pas. C’est un point fort du film : leur lien. Même si la maman est toujours là, en fond, elle n’est finalement qu’un fantôme, et les interactions entre père et fils sont nombreuses. On apprend à suivre leur dynamique, on s’immisce dans leur intimité, et on sent à quel point l’absence de la mère est un gros trou dans leur famille. Mais un trou qui n’a pas la même forme pour François que pour Emile… À mesure qu’Emile s’adapte à son nouvel environnement, le regard, le fonctionnement de François change aussi, en réponse. Sans divulgâcher, il passe d’un père, d’un chef de famille qui veut absolument tout contrôler de peur de ne pas réussir à protéger les siens à un père qui accepte de lâcher prise.

Encore un point sur l’intrigue : les autres, la société autour. Évidemment, ces nouveaux humains sont vus davantage comme des créatures, des choses dangereuses, parce qu’elles ne sont pas comprises et que la recherche en est encore à ses balbutiements concernant leurs mutations. Tout ce qui n’est pas compris est vécu comme dangereux…. Alors la tensions monte. Beaucoup ne les acceptent pas et les rejettent. D’ailleurs, le film est un peu construit comme ça : le personnage de Fix, que l’on voit dans la bande-annonce sortant de l’ambulance, est d’abord vu comme un individu dangereux. Lorsqu’on le rencontre à nouveau, et à mesure qu’on le revoit, il perd ce côté dangereux pour finalement devenir un personnage positif, protecteur, un oiseau qui cherche à apprendre à voler et être libre, tout simplement. Au final, ces créatures aussi ont peur d’un monde qui n’est pas adapté à eux, et cherchent à être libres.

Finalement, fait-on encore preuve d’humanité en repoussant et en pourchassant ces créatures ? C’est la question de la différence et de son acceptation qui est posée avec ce film.

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