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Chronique – Les Salauds gentilshommes tome 1 : Les Mensonges de Locke Lamora

Auteur : Scott Lynch
Editeur : Bragelonne
Collection : Fantasy (Poche)
Parution : 2014
Pages : 744
Résumé de l’éditeur : On l’appelle la Ronce de Camorr. Un bretteur invincible, un maître voleur. La moitié de la ville le prend pour le héros des miséreux. L’autre moitié pense qu’il n’est qu’un mythe. Les deux moitiés n’ont pas tort. En effet, de corpulence modeste et sachant à peine manier l’épée, Locke Lamora est, à son grand dam, la fameuse Ronce. Les rumeurs sur ses exploits sont en fait des escroqueries de la pire espèce, et lorsque Locke vole aux riches, les pauvres n’en voient pas le moindre sou. Il garde tous ses gains pour lui et sa bande : les Salauds Gentilshommes. Mais voilà qu’une mystérieuse menace plane sur l’ancienne cité de Camorr. Une guerre clandestine risque de ravager les bas-fonds. Pris dans un jeu meurtrier, Locke et ses amis verront leur ruse et leur loyauté mises à rude épreuve. Rester en vie serait déjà une victoire…

Mon avis : Cela fait un moment que je devais le lire. J’ai finalement craqué quand j’ai vu la nouvelle réédition, de poche qui plus est, dans mon Cultura à côté de chez moi. C’était un petit format pas cher et canon, comment vouliez-vous que je résiste ?

Dans la ville de Camorr, un mélange entre Venise et Amsterdam médiévaux, Locke Lamora et son étrange famille vivent caché dans un temple dédié en secret au dieu des voleurs. Ils ne vivent pas de rapine, non : ils conçoivent et mettent en pratique de grandes arnaques qui met à mal la paix secrète entre les riches et les Gens biens, les criminels. Personne ne sait qui ils sont et ce qu’ils font, surtout pas leur Garrista, le capa Barsavi, qui les prend pour de simples petits voleurs. Néanmoins, quelqu’un va apprendre leurs véritables talents et se servir d’eux dans la guerre qu’il souhaite mener contre les Gens biens : le Roi Gris, qui menace la position de Barsavi.

J’ai complètement été happée par ce roman ! Le début est un peu long, mais essentiel pour comprendre : il alterne entre le présent, où les Salauds préparent l’arnaque du couple Salvara, et des retours dans le passé pour comprendre comment le père Chains les a élevés et dans quel but. J’ai beaucoup aimé ces allers-retours qui rythment bien la lecture. Vers la moitié du roman, quand on parvient mieux à comprendre l’univers, les personnages, et ce qu’ils font, est introduit l’intrigue du Roi Gris. À partir de là, tout s’enchaîne et je n’ai plus réussi à décrocher le roman !

Le style est vraiment bien mené : à l’image de leur éducation, les Salauds Gentilshommes s’insultent en mélangeant langage châtié et familier. C’est je crois l’un des points qui m’a le plus amusé. Il est à l’image du roman, sans barrière, sans code.

Les descriptions sont prenantes, que ce soit pour la ville ou pour les activités qui s’y déroulent. On voit que l’auteur a pris soin de mettre en place un univers cohérent. On sait que cette ville a été fondée par les Anciens, et j’espère en savoir plus sur eux dans les prochains tomes. La ville de Camorr est composée de nobles et de criminels, et un simple coup du sort vous dira si vous faîtes partie de l’un ou de l’autre. Car au final, il n’y a pas vraiment de différences : ces deux groupes sont cruels et cherchent à se faire de l’argent. C’est en navigant auprès d’eux, en adoptant les codes des uns et des autres, et surtout en usant de ses talents de menteur et de comédien que Locke Lamora parvient à devenir la Ronce de Camorr, cette personnalité presque mythique qui se dissimule aux yeux du monde après l’avoir volé.

Les personnages sont attachants, leur lien est beau. Locke, Calo, Galdo, Mouche et Jean (et Sabetha, mais qu’on ne voit pas dans ce tome) ont été recueilli par le père Chains, lui qui fait semblant d’être un prêtre aveugle qui sert le dieu Perrelandro et qui en réalité sert le Gardien véreux, le treizième, le dieu des voleurs. Un peu à la Charles Dickens, ils sont élevés pour être voleurs, mais pas n’importe lesquels : des voleurs de haute volée, des arnaqueurs, capables de se fondre dans la haute société. Car le père Chains n’aime pas la Paix secrète qui les empêche de voler aux nobles : pour lui, personne ne devrait se sentir à l’abri que le Treizième leur rende visite. À sa mort, dans le présent, c’est Locke qui a pris sa place en tant que garrista des Salauds Gentilshommes.

C’est peut-être ça, les Salauds Gentilshommes : un pied de nez à cette société carcantée et rigide, où chacun a un rôle à jouer bien précis. Eux cassent les codes, naviguent de l’un à l’autre, et n’ont que leur dieu voleur comme seul maître. Et c’est ça qu’on aime.

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