Chronique – Erika et les princes en détresse – Yatuu

Auteur : Yatuu
Editeur : auto-édition
Collection : /
Parution : 2018 (tome 1) 2021 (ome 2)
Pages : 312 (tome 1) 320 (tome 2)
Résumé de l’éditeur : (tome 1) Erika, notre princesse guerrière, compte bien succéder à sa mère et prendre sa place sur le trône sauf que… Elle ne veut pas se marier !
Pour échapper à cette tradition, on lui confie une mission : celle de sauver des princes en détresse ! Cette quête tombe à pic pour la reine qui va pouvoir s’en servir à son avantage…

Mon avis : J’ai participé à la dernière campagne Ulule de Yatuu, et comment dire… Je ne regrette absolument rien ! J’ai reçu mes contreparties hier et j’ai dévoré les deux tomes en quelques heures.

L’univers prends place dans un univers heroic fantasy où les femmes ont le pouvoir. Ce sont les femmes qui dominent ! L’inversion est complète : au lieu d’avoir un homme qui pelote les fesses de la serveuse, on a une femme qui le fait sur les fesses d’un joli serveur. La maîtresse d’armes Kayane enchaîne les conquêtes, les femmes se battent pour les hommes… Et l’inversion est vraiment complète, jusque dans la langue, détail que je n’ai pas perçu de suite : lorsqu’il y a au moins une femme dans un groupe, le sujet est “elles”. J’ai adoré ce point !
Concernant l’univers, j’ai aussi adoré l’humour qui en découle, les jeux de mots, les personnages, les références… On en parle du royaume Île Flottante du prince Blanc-en-neige, où tout se mange, et où la drogue s’appelle Sucre d’Orge ? J’ai ri au moins toutes les deux pages ! Le trait participe aussi grandement au rire, avec plein d’expression surjouées et de caricatures. Un excellent moment !

Les personnages aussi sont très drôles. Erika est la caricature de la brute épaisse, sauf… que c’est une femme ! Elle sort son épée plus de fois que nécessaire, elle botte des fesses, elle est badass à souhait et dit toujours des vacheries sans réfléchir.
Pita, son écuyère, est elle aussi très drôle ! Elle cuisine avec n’importe quoi et gare à la personne qui dira que c’est mauvais : elle se transforme en une sorte de Hulk… Hormis cela, elle est de composition adorable et super attachante !
Bucéphale, le cheval à tête couronné, qui ne supporte pas que sa cavalière soit malpropre… J’adore ce cheval diva ! Attendez, il se fait les sabots comme on se fait les ongles ! Lui aussi est un garant humoristique très sûr !
Les parents : entre la mère brutus elle aussi, caricature pire que sa fille, et le père qui caresse et chouchoute les pigeons, chacune de leurs apparitions me fait rire ! Sans parler du comique de répétition avec la destruction régulière du trône….
J’arrête là, mais même les personnages secondaires sont fascinants à creuser !

Le message est quant à lui très, très fort. Tout d’abord, la princesse qui refuse de se marier. Pour moi, c’est essentiel : elle va contre les traditions, et elle veut vivre sa vie seule, comme elle l’entend. Elle n’a pas besoin de se trouver une “moitié” pour être complète. MERCI pour ça !!
J’ai aussi énormément aimé le personnage du prince Aurel. Il vit dans le royaume thérapeutique où les soignantes ne sont que des femmes. D’ailleurs le terme soignant d’existe pas et, d’après la reine, il est “très moche”. J’y ai vu une référence aux fameux “autrice” qui fait débat depuis un bon moment maintenant. Aurel, lui, veut être soignant, il veut à tout prix se faire une place dans cet univers de femmes et les leçons de chant, ça le gonfle. L’inversion ici est tout à fait pertinente, puisqu’on a l’habitude de voir une femme rebelle dans cette position.
Avec ce personnage et avec celui d’Erika, Yatuu nous montre aussi qu’on est capable de faire ses propres choix : si c’est comme ça qu’on trouve son bonheur, alors qu’importe les diktats de la société !

Pour moi, c’est une BD franchement géniale, très intelligente dans ses habits comiques et qu’on doit mettre entre toutes les mains.