ce que je vois

Chronique – Move to Heaven – Yoon Ji Ryeon

Créateur : Yoon Ji Ryeon
Acteurs : Tang Jun Sang, Lee Je Hoon, Hong Seung Hee
Durée : 60min (10 épisodes)
Résumé : Geu Ru est un jeune homme atteint du syndrome d’Asperger. Il travaille pour l’entreprise de son père, Move To Heaven : leur travail consiste à ranger les objets laissés par les personnes décédées. À la mort de son père, Geu Ru fait la rencontre de son oncle Sang Gu, un homme froid qu’il n’avait encore jamais vu. Ancien artiste martial qui a combattu dans des matchs underground, il est allé en prison à cause de ce qui s’est passé lors de son dernier combat. Sang Gu devient désormais le gardien légal de son neveu. Tous deux en deuil, ils vont évoquer ensemble leurs souvenirs du disparu, partager leurs émotions, et comprendre encore davantage le sens des notions de la vie, de la mort et de l’esprit de famille. Ensemble ils vont diriger Move To Heaven.
Bande-annonce (VOSTA) :

Mon avis : Dîtes bienvenue à cette pépite ! J’ai tout aimé : de l’originalité du thème à la façon dont il est traité, la transformation des personnages et leurs interactions, le jeu des acteurs… Je suis passée du rire aux larmes très souvent avec ce drama !

On commence déjà avec une histoire hyper originale : un père et son fils qui range les affaires des morts, et un fils avec le syndrome d’Asperger. Traiter du deuil n’est pas un thème facile, et je trouve que ce drama le fait avec beaucoup de justesse. Le premier épisode pose les bases du quotidien de Geu Ru et de son père, de leur façon d’aider les familles à faire leur deuil et de confronter parfois certaines d’entre elles qui sont bien pourries et ne pense qu’à l’argent… Et puis, c’est au tour de Geu Ru de perdre son père, d’une façon complètement brutale. Si au départ, dû au syndrome d’Asperger, on a l’impression que Geu Ru s’en sort bien, en réalité son travail de deuil va durer pendant tout le drama. Durant chaque épisodes, on suit en parallèle les histoires aidés par Move to Heaven et les histoires de Geu Ru et son oncle Sang Gu.

Les personnages sont tous très, très intéressants sans être clichés. Geu Ru et Sang Gu sont vraiment très riches et très profonds. D’un côté, Geu Ru est un enfant qui a toujours été aimé par ses parents, et qui vient de perdre le dernier. Je ne m’y connais pas assez en Asperger pour pouvoir critiquer ce point, mais je l’ai trouvé réaliste : des expressions mesurées, des gestes millimétrés, une démarche saccadée, un regard qui ne se pose sur rien ou au contraire fixe. J’ai beaucoup aimé les flashbacks qui montrent les difficultés qu’on pu avoir ses parents et à travers lesquels on comprend l’amour que Geu Ru leur porte encore. Cette histoire, quelque part, c’est celle de Geu Ru qui est forcé à devenir indépendant, sans la présence parentale pour le protéger. L’amour qu’il a envers son père se voit dans plein de détails : le fait qu’il prépare encore le petit-déjeuner pour lui, qu’il refuse que son oncle occupe la chambre de son père…
Sang Gu de l’autre côté est un homme qui n’a pas eu la vie facile et qui en veut très, très fort à son frère pour une raison que l’on va découvrir au fur et à mesure des épisodes. Enfant, il l’adorait : c’est d’ailleurs absolument génial de voir leur lien fraternel dans les flashbacks. Lui aussi, on apprend à voir que derrière le malotru brutal il y a un gamin chahuté par la vie. J’ai trouvé là aussi que le cliché, même s’il est là, est bien maîtrisé et très bien joué. Si avec Geu Ru on est plutôt sur “comment devenir adulte”, on est avec Sang Gu sur le thème du pardon, envers lui et envers les autres.

J’aime l’univers réaliste de la Corée du Sud actuelle et les éléments culturels que l’on aperçoit, mais c’est un sujet universel qui dépasse les frontières. Métier de l’ombre rarement évoqué, les nettoyeurs de traumatismes ont pour rôle de ranger les affaires des défunts après des meurtres, suicides et décès sans surveillance dans des maisons privées. Cela met en lumière toute une économie mise en place par ces décès solitaires, conséquences tristes de l’individualisme de plus en plus prononcé de nos sociétés modernes. La série traite ce sujet avec beaucoup de douceur alors même que les réalités évoquées ici peuvent être cruelles. À travers des tranches de vie, elle travaille sur certains maux de nos sociétés, comme l’homophobie, la vieillesse, la violence conjugale…

De très beaux messages sont portés par cette série, essentiellement autour du souvenir des personnes disparues. Comment faire son deuil, lorsque le monde semble s’écrouler ? Les scènes d’une tendresse et d’une poésie incroyable nous poussent à nous identifier à cette douleur ressentie par les personnages. Une douleur universelle qui, une fois dépassée, nous change et nous pousse à dépasser les obstacles de la vie.

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