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Chronique – Oraisons – Samantha Bailly

Auteur : Samantha Bailly

Editeur : Bragelonne
Collection : Les intégrales
Parution : 2013
Pages : 716
Résumé de l’éditeur :  En Hélderion, la mort peut rapporter beaucoup… surtout à la famille Manérian, qui procède aux oraisons, les rites funéraires du royaume. Mais la réalité de la mort les frappe de plein fouet lorsqu’on retrouve le corps de leur plus jeune fille dans une ruelle sordide. Tout désigne les clans, ces dangereux rebelles qui s’opposent à Hélderion. Aileen, prête à tout pour venger sa cadette, se lance dans une enquête qui la mettra à rude épreuve. Noony, leur soeur aînée, se retrouve quant à elle aux premières loges de l’entrée en guerre de son pays contre le continent voisin. Mais elle est bien décidée à s’opposer à ce conflit qui pourrait tourner en véritable massacre. Prises dans des intrigues dont les enjeux les dépassent, les deux soeurs devront affronter le système qui les a forgées.
Mon avis : J’ai lu cette oeuvre dans le cadre des lectures communes de L’Allée des conteurs, ce qui m’a permis de découvrir la plume de Samantha Bailly ! Je suis cette autrice un peu partout, notamment sur sa chaîne youtube où elle donne plein de conseils. Je suis donc ravie de cette lecture !

Dans cette histoire, on suit les deux soeurs Manérian, Noony et Aileen, après la mort de leur cadette Mylianne, dans un univers où la croyance veut qu’après la mort, l’âme rejoigne l’astre d’attribution du défunt. Noony, la soeur aînée, est une fervente croyante et pour cause : elle est oraisonnière, c’est à elle de faire la cérémonie permettant de séparer l’âme du corps, et ce faisant de libérer une substance mystérieuse mais précieuse, la résuadine. Si j’ai beaucoup aimé Noony et son évolution, j’ai trouvé Aileen un peu plus classique, un genre d’Arya Stark en colère qui cherche vengeance. Des deux, c’est peut-être Aileen qui bouge le plus sur la carte, mais il y a quelques points de son histoire et quelques choix qu’elle fait que je ne comprends pas. Les personnages secondaires sont nombreux et ajoutent chacun une pierre à l’histoire. S’ils sont secondaires, ils ne sont pas pour autant optionnels et tous servent à quelque chose. Cependant, j’ai l’impression qu’ils ne sont pas assez travaillés et certains mériteraient qu’on s’y arrête davantage. Orius, que je trouve particulièrement intéressant, aurait pu jouer un rôle plus important.

Concernant le rythme, j’ai beaucoup aimé le fait que ce soit des chapitres courts, et qu’on alterne les points de vue. Cela enrichit le récit en nous permettant de le voir sous différents angles. Et puis j’aime aussi beaucoup le fait qu’il y ait des interlude entre chaque chapitre : ils sont sous forme d’ajout, de dictionnaires, d’encyclopédie, tout pour enrichir le monde dans lequel les personnages évoluent. Certes le début est un peu lent mais il sert bien l’histoire : il faut se faire au monde et aux personnages avant d’aller plus loin. Pour moi, cela ne m’a pas dérangée. L’intrigue est longue, mais très bien menée. Cependant, puisque l’on change sans arrêt de point de vue, cela peut paraître assez déconcertant de prime abord : j’insiste, ces changements de points de vue permettent de bien mettre en valeur tous les aspects de l’histoire.

J’ai appris par la suite qu’il s’agissait du premier roman de Samantha Bailly, et maintenant que je le sais, ça explique un peu la plume qui manque d’un petit truc. Elle est certes travaillée, mais elle manque de mordant. N’ayant pas lu d’autre livre, je ne sais pas comment elle a évolué. Peut-être que davantage de descriptions lui auraient permis de se développer davantage, car oui, je trouve que l’histoire manque un peu de descriptions. Cela explique également le fait que certains événements sont précipités, que certains passages manquent de souffle.

Les thèmes développés sont pour moi les plus intéressants. L’intrigue politico-religieuse est au coeur du récit et permet d’aborder d’autres thèmes qui trouvent écho dans nos sociétés. Je m’explique. La religion est très importante et structure l’univers. La religion dominante, l’Astracisme, et surtout son chef religieux, Soleil, l’Astracan d’Hélderion, entament une guerre pour servir leurs intérêts contre Rouge-Terre. À travers cette guerre, et avec le personnage d’Alexian notamment, on peut voir le rapport à l’autre dans toute sa différence. Le fait qu’Hélderion ait déjà fait une guerre similaire en Thyrane nous permet également de voir l’évolution de cette nation sous l’occupation : interdiction de parler la langue thyrane, fonctions d’État assurées par l’occupant, pillage des ressources…  Le fond est très intéressant et très réfléchi.

Je le conseille pour les personnes qui aiment la Fantasy, les univers réfléchis et la littérature YA, mais pas pour ceux qui veulent des batailles épiques, car on est loin de là !

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