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Chronique – Appelle-moi par ton nom – André Aciman

Auteur : André Aciman

Editeur : Grasset
Collection : /
Parution : 2018 (pour cette édition)
Pages : 336
Résumé de l’éditeur : Elio, adolescent sensible et cultivé, rencontre Oliver, jeune esthète qui enseigne la philosophie. Elio est discret et timide ; Oliver désinvolte et charmeur. Pourtant, tout les rapproche : la littérature, la musique, leurs origines juives. Et une évidente attirance physique. En Italie, dans la maison familiale près de la côté méditerranéenne, Elio découvre le jeu de la séduction et la souffrance amoureuse. Des années plus tard, il revient sur cet été qui a bouleversé son existence. André Aciman recrée les errances et les fulgurances du désir mais surtout le souvenir de ces moments intenses. La mémoire, la nostalgie et l’oubli ont accompli leur oeuvre : ‘tout ce qui reste n’est que rêveries’.
Mon avis : Je l’ai lu juste après être allée voir le film, qui m’avais bouleversée comme j’aime l’être. J’ai préféré chroniquer le livre, car les procédés littéraires mis en oeuvre sont très intéressants et un peu effacés par le format filmique.

Comme beaucoup, j’ai été totalement prise par cette histoire. Je l’ai adorée, du début à la fin. On suit Elio, le Elio plus vieux qui revient sur l’été de ses dix-sept ans et sur ce qui l’a fait évoluer sur sa découverte de lui-même. Cela donne une narration très originale, au début un peu brouillonne puisqu’on ne suit pas l’ordre dans lequel se sont passés les événements. Cela peut paraître assez déroutant au départ, mais on s’y habitude très vite. Surtout, cela donne quelque chose de fort : il s’attarde sur des événements et des détails qu’il décrit avec force d’émotions et de sensations, il se plonge et se repaît dans ses souvenirs et toute l’intensité qu’il en a gardé. Le style est fort, beau, poétique : plusieurs fois, je me suis arrêtée pour relire les phrases, les chuchoter à mi-voix pour sentir la tonalité des mots sur ma langue et pour que la sensation que j’ai eue se prolonge. Le vocabulaire pourtant est d’une telle simplicité, parfois vulgaire, mais tout est là : pas besoin de grands mots pour décrire les choses les plus évidentes. Sans un “Je t’aime”, l’auteur réussit à nous retranscrire un amour puissant.

Ce roman est typique de ce genre d’ambiance que j’adore, non seulement par son  thème mais aussi par ces décors. Un amour de jeunesse doux-amer, une passion irrésistible, le tout dans une maison de vacances méditerranéenne avec la chaleur et le confort d’une famille et de ses habitudes. Cette ambiance est clairement retranscrite dans le film, j’ai eu l’impression d’avoir juste à me poser pour profiter de cette dolce vitta et de laisser ma vie se mettre en pause. Vraiment, tout cela m’a donné envie de tout quitter pour aller en Italie.

J’ai adoré Elio. J’ai eu la sensation de le comprendre, et la narration aide beaucoup. Le lecteur est en lui. Dans ses souvenirs. Dans ses émotions. Tout. C’est un amour d’été, à la fois éphémère et éternel, et c’est vraiment bien retranscrit. Elio se découvre également dans ses désirs, autant envers Marzia qu’Oliver, et il n’y a aucun tabou, il partage tout avec les lecteurs, parfois de façon très crue. Tout est intense, vécu dans les yeux d’un adolescent qui expérimente la vie.

Un énorme coup de cœur pour cette histoire, qui fait partie de celle qui vous fait réfléchir. Une histoire humaine où deux âmes se rencontrent et laissent des traces indélébiles sur l’autre, où les sentiments doux-amers envahissent le lecteur.

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