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Chronique – Les Yeux – Slimane-Baptiste Behroun

Auteur : Slimane-Baptiste Berhoun
Editeur : Bragelonne
Collection : L’ombre
Parution : 15 novembre 2017
Pages : 
 
Résumé de l’éditeur : Tout en haut du Plateau, le vent pouvait rendre fou.
On avait choisi d’y construire un asile. L’Orme : une grande bâtisse lugubre, battue par les vents et la neige. Même les bombardements de 44 n’avaient pu en venir à bout. À croire qu’il échappait à toute influence humaine.
Et des morts étranges, violentes, il y en avait toujours eu et il y en aurait encore, là-haut. D’ordinaire, personne ne venait s’en mêler. Ni la gendarmerie du Village, ni les réducteurs de tête de Paris.
Si on avait écouté les fous enfermés derrière les murs de l’Orme, on y aurait peut-être vu l’oeuvre d’un monstre. Mais les fous, ça ne s’écoute pas, ça se traite. Ce que le psycho-chirurgien à la tête des affaires médicales de l’établissement sait faire d’une main de fer. À l’abri des regards. À condition de parvenir à se débarrasser définitivement de cette trop curieuse disciple de Lacan venue fouiner dans les dossiers de ses malades.
 
Mon avis : Je remercie les éditions Bragelonne de m’avoir fait confiance et de m’avoir confié ce titre ! Et encore une découverte sur Netgallery !
J’ai commencé ce thriller haletant lors d’une insomnie, et je l’ai terminé moins de 24 heures plus tard. C’est pour vous dire à quel point il m’a accrochée. Il s’ouvre directement avec le meurtre étrange du petit Eric, retrouvé dans la cour et dans une position étrange. Qui plus est, son visage affiche une expression de terreur pure. La venue de l’étudiante du psychanalyste Lacan va venir perturber la routine de ce lieu isolé et terrifiant. Son but est d’étudier une certaine Marguerite Linard, atteinte de prosopagnosie, une maladie qui lui fait oublier les visages. Lucie Klein va devoir se battre avec l’inquiétant docteur de cet hôpital psychiatrique, Valmont, pour mener à bien son enquête.
Ce roman à la limite entre les genres, entre le policier et le fantastique, nous fait prendre un étroit chemin un peu flou entre ce qui est réel et ce qui ne l’est pas. Il faut dire quand même que je peux être une lectrice assez naïve et me laisser tranquillement guider par l’auteur, c’est donc sans aucun souci que je me suis plongée dans l’histoire. Le contexte de la fin des années 1940 est pour moi un vrai atout : j’ai eu l’impression de me trouver dans un Maigret d’après -guerre, avec un flic en impair au milieu de la première scène, ce qui donne une ambiance très particulière au décor. Sans m’y connaître dans les maladies évoquées, j’ai réussi à lire sans m’arrêter sur ces détails. L’action est rythmée par les chapitres courts, qui vont de révélation en révélation de plus en plus énormes et auxquelles on ne s’attend pas.
Les personnages sont nombreux, et on apprend à aimer certains malades très attachants. Lucie Klein, l’étudiante de Lacan, paraît froide et insensible mais au fur et à mesure qu’avance l’histoire, le lecteur la découvre, la voit évoluer et surtout apprend son lourd passé. De son côté, l’infirmier Gaultier qui distribue les médicaments nous donne l’impression d’un garçon simple, naïf et son coup de cœur presque immédiat pour Lucie le rend émouvant.
Un énorme coup de cœur pour ce roman, ce style presque cru parfois et qui colle tellement bien à l’ambiance, à ces personnages travaillés, ce chemin tortueux que l’auteur nous fait prendre pour nous perdre dans son univers. La fin m’a cueillie quand je ne m’y attendais pas. Dernier conseil : ne pas lire quand il fait noir…

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