Chronique – The Creator
Créateur : Gareth Edwards
Acteurs : John David Washington, Gemma Chan, Ken Watanabe
Durée : 2h08min
Résumé : Dans un futur proche, humains et intelligence artificielle (IA) se livrent une guerre sans merci.
Soldat américain infiltré en Asie, Joshua est séparé de sa femme Maya au cours d’un assaut. Supposant que celle-ci est décédée, il rentre aux États-Unis, complètement dévasté. Cinq ans plus tard, l’armée lui demande de revenir sur le terrain, craignant qu’une puissante intelligence artificielle n’ait créé une arme qui permette à l’Orient de gagner la guerre qu’elle livre à l’Occident. Sentant son utilisation proche, elle souhaite qu’il la trouve et la détruise.
Lorsque la colonelle Jean Howell apprend à Joshua que Maya est peut-être en vie et qu’elle se trouverait dans la zone de combat, celui-ci trouve soudainement un nouvel enjeu dans cette mission qu’il avait tout d’abord accepté à contrecoeur. Cependant, peu après son arrivée en Asie, il découvre que l’arme en question n’est autre qu’une petite fille de 6 ans prénommée Alphie. Dès lors, Joshua commence à remettre en question ses convictions sur l’IA : Où est la vérité ? Que lui a-t-on caché ? (Allô ciné)
Bande-annonce (VF) :
Encore un film très intéressant ! J’avoue que j’avais certaines craintes concernant ce film, sachant qu’il est réalisé et produit par des Américains. Certaines se sont révélées exactes, d’autres non et ce dernier point m’a agréablement surprise.
L’histoire se passe essentiellement dans une Nouvelle Asie remaniée pour les besoins de l’intrigue. Tout d’abord, l’amalgame des peuples asiatiques m’a vraiment très déçue. Un Japonais, c’est pas la même chose qu’un Thaïlandais ou un Chinois, l’histoire est là pour nous dire que y’a quand même beaucoup de tensions entre ces peuples. J’ai reconnu ça et là plusieurs langues asiatiques (je ne les parle pas, mais comme je regarde beaucoup, je reconnais les intonations et les prononciations) dans un melting-pot nommé “Nouvelle Asie” et zou. On ne se pose pas plus de question. C’est très, très occidental comme façon de voir les cultures qu’on ne maîtrise pas : au lieu de s’y intéresser, on mélange tout et ça passe. Bon, ce point négatif passé, j’ai beaucoup aimé les décors naturels que l’on voit beaucoup : des rizières, des lacs, des rivières, des montagnes, etc etc. Certes, on croise aussi beaucoup de territoires urbains et moches, sombres, comme on sait le faire en science fiction, mais les nombreux visuels naturels ont contrebalancé tout ça efficacement. On a l’impression de se retrouver dans un nouveau Vietnam, ce qui n’augure rien de bon pour les Américains…
J’avais aussi peur des côtés très américains clichés qu’on croise toujours dans ce type de production. En premier lieu, le côté manichéen. Le fait que les IA soient protégées par la Nouvelle Asie… Ouais, vous le voyez venir le côté “nous les Américains gentils face aux méchants Chinois” ? Moi, oui. Et je n’ai pas envie de divulgâcher, mais sachez que c’est plus complexe que ça, et c’est justement tout sauf manichéen. Finalement, on se retrouve avec des êtres humains qui commettent des erreurs.
Un autre point cliché : la romance. Le côté “je cherche à retrouver ma femme et tout ce que j’ai perdu pour être un homme comblé” parce que oui, tout le bonheur du monde est possible lorsqu’on est en couple. Ça, désolée, mais ça reste opérable : le personnage principal ne cherche que sa femme, s’en est vraiment écœurant, comme s’il n’était pas capable de se reconstruire seul. Bref, si vous aimez les romances clichés (ce qui n’est pas mon cas), c’est fait pour vous de A à Z.
Un autre point cliché, mais que j’aime beaucoup : le lien développé entre Joshua le héros et l’arme, Alfie. Déjà, c’est lui qui lui donne son nom. Et au fur et à mesure du film et de leurs interactions, Alfie devient plus humaines, jusqu’à rire à gorge déployée et pleurer. Lui, évidemment héros cliché, ne peut se résoudre à l’abattre parce que c’est un enfant, et c’est au final ça qui va être le déclencheur de sa remise en question. Il va devenir un fugitif pour elle, pour la protéger. Bon okay, c’est cliché, mais j’aime bien. Une scène où il lui explique ce qu’est le paradis est extrêmement touchante : il lui dit qu’il n’ira pas parce qu’il a fait de mauvaises choses, et elle lui répond qu’elle n’ira pas parce qu’elle n’est pas réelle.
Finalement, qu’est-ce qui fait que nous sommes réels, que nous sommes humains ? C’est le thème développé par ce film. Une scène bouleversante illustre très bien cette question. Nomad, le vaisseau américain qui est capable de lancer des bombes avec une précision chirurgicale, est au-dessus d’un camps de rebelles robots. Elle vise sans merci un robot qui cherche évidemment à s’en protéger. Dans sa panique, il se rapproche d’une famille qui s’était mise à l’abri : en voyant qu’il risque de les exposer, il s’éloigne d’eux et finit par se faire exploser. Ça, pour moi, c’est un signe d’humanité, loin devant certains soldats américains qui paniquent et demandent aux autres de leur enlever la bombe collée à leur dos… et qui finissent par emporter les autres dans leur chute.
Beaucoup d’explosions et de combats, tellement que j’ai du mal à suivre (je ne suis pas beaucoup films d’action), des personnages qu’on n’a pas le temps d’approfondir… J’ai passé un bon moment, mais le film a encore trop de clichés, trop de choses qui ne sont pas expliquées. Cela reste un bon moyen de traiter la question de l’humanité et de l’erreur humaine.