Chronique – Personaé : l’éducation du scribe (complet) – Elijaah Lebaron
Cela fait plusieurs mois que je dois faire cette chronique mais les bonnes choses prennent du temps, non ? Plus sérieusement, j’ai enfin un peu de temps devant moi avec les vacances, et je peux me poser pour rédiger correctement mon article, sans aller trop vite.
C’est avec un plaisir non dissimulé que j’ai retrouvé cet univers. Et je n’ai pas été déçue sur la plupart des points où j’attendais l’auteur.
Tout d’abord, grâce à la carte (que vous pouvez voir sur le site d’Elijaah Lebaron ici), j’ai pu découvrir une géographie bien pensée avec des titres typiques d’un roman de fantasy. La ville “Chute des Naavis” est expliquée par la mythologie que développe Elijaah Lebaron et a bien sonné au creux de mon oreille. Bien que tous les lieux présents n’ont pas été exploités, cette carte témoigne de plusieurs choses. Tout d’abord, l’auteur a vraiment réfléchi à son monde et le connaît sur le bout des ongles, et ça, c’est une chose indispensable lorsqu’on fait de la fantasy. Ensuite, cela nous laisse présager pour la suite des événements des cadres différents et plus riches les uns que les autres ! Car oui, cette histoire n’est pas finie !! (vous sentez ma joie à l’idée de retrouver encore les personnages ?)
Ensuite, les personnages, dans leur ensemble, sont cohérents. L’évolution de Devalin et sa place dans le récit en font un personnage très intéressant, même si un peu typique du “héros malgré lui”. Je me suis beaucoup attachée à lui. Sophyan, pour ma part, n’a pas encore dévoilé toutes ses possibilités, mais s’il y a une suite, pourquoi pas ? Marilian, quant à elle, me plaît plus ! Alors que je l’avais laissée à se morfondre sur son amour perdu, voilà qu’elle prend les choses en main et qu’elle trace sa route ! Enguerrand m’a un peu plus déçue. En fait, pendant tout le roman, on sait qu’il y a une chose dont il se sent coupable, et qui n’est dévoilée qu’à la fin. Au contraire, ça le rend très intéressant ! Mais la façon dont cette révélation est faite m’a brusquée : j’aurais préféré qu’on s’attarde plus sur son “problème”, qu’il se dévoile petit à petit, au lieu de cette nouvelle qui est allée trop vite à mon goût, alors qu’elle est constitutive pour le personnage. Hormis cela, j’aime toujours sa droiture et son rôle. Je les ai aimés, mais il y a quelque chose dans la narration qui font que je n’arrive pas à m’en sentir trop proches. Peut-être parce que tous les efforts de l’auteur sont concentrés autour de la construction et le développement de son monde.
Le monde, mon dieu le monde. Quelle richesse. Quelle imagination. Je suis totalement séduite par tout cet univers. La mythologie que j’ai repéré dès les premières pages, et qui était vraiment pour moi un des points essentiels, tient ses promesses. Elle est travaillée, elle est logique. Le conflit en larve dès les premières pages est là. Car oui, la déesse Personaé veut détruire l’humanité. Pourquoi ? Eh bien, lisez ! Je ne spoile pas ! J’ai trouvé qu’il y avait une bonne imbrication entre la fantasy et la science-fiction, mais cette imbrication, on ne la comprend vraiment qu’à la fin. Pour ma part, j’ai eu l’impression d’avoir un décor de fantasy avec quelques fois des petites notes de science-fiction. Mais à bien y réfléchir, l’auteur laisse notre imagination très libre sur ce point et ne nous impose pas de choisir entre les deux : peu de descriptions vraiment “traditionnelles” qui nous obligerait à construire une image soit de fantasy, soit de science-fiction. On comprend véritablement les liens entre les deux genres à la fin. Cependant, un petit bémol pour moi : la majorité des informations concernant le monde nous arrive via les dialogues, et ça m’a un peu dérangée.
Enfin, le style, pour moi, est un bon bonus. D’une fluidité impeccable, hormis lorsque les dialogues sont trop chargés d’informations. Un style aussi qui nous laisse libres, comme je viens de le dire. Les allers-retours entre passé et présent ne m’ont même plus surprise à la fin tellement c’était logique. Le vocabulaire, comme je l’avais déjà noté, est riche sans donner une impression de style ampoulé. J’ai lu quelque part qu’un bon style est un style qui s’oublie dans la lecture et laisse place à l’histoire : c’est exactement ce que j’ai ressenti ici.
En conclusion, un livre qui malgré des petits détails (parce que je suis trop pointilleuse) est excellent. J’ai passé un excellent moment de lecture. Encore merci à M. Lebaron pour m’avoir permise de lire tout ça ! Et plus simplement, pour l’avoir écrit !