Chronique – La Cité d’Albâtre – Pauline Pucciano
Autrice : Pauline Pucciano
Éditeur : Les Éditions du Net
Collection : –
Parution : 14 septembre 2016
Pages : 294
Résumé de l’éditeur :
Dans un passé imaginaire. La Cité d’Albâtre est divisée en deux : dans la Ville Basse, les habitants exploités sont maintenus dans l’ignorance et la misère tandis que dans la Haute Ville, les habitants sont riches, éduqués, raffinés, et maîtrisent les pouvoirs de l’Esprit. Les Guildes toutes-puissantes se partagent l’économie et le pouvoir, et exigent une allégeance totale. Trois personnages vont faire vaciller l’équilibre de la Cité : Elenor, une brillante enfant de la Haute-Ville qui reniera sa caste; Keller, un bâtard révolutionnaire de Ville-Basse, et Sornar, Maître solitaire de la Guilde de l’Ombre, aux desseins occultes et sulfureux…
Mon avis :
J’ai découvert cette œuvre ici et j’avoue que c’est ma première œuvre que je « lis » avec mon oreille. Je ne regrette pas l’expérience ! Profitant de la gratuité de ce site, j’ai donc téléchargé et écouté dès que j’en avais la possibilité, et l’histoire a très vite filé. L’agréable voix de Pauline Pucciano nous emporte très facilement dans cette histoire.
Au premier abord, c’est un univers assez classique : beaucoup d’œuvres jouent sur la division de la société de cette manière. Mais très vite, les descriptions m’ont plongée dans un monde riche de détails qui m’ont permise de m’imaginer les tableaux. Pauline Pucciano distille des éléments de son univers dans les premiers chapitres pour nous permettre d’en comprendre les règles, de comprendre la culture de cette Haute Ville, et la frustration de la Ville Basse.
On suit quand même beaucoup de personnages, mais je m’attarderais sur les trois énoncés dans le résumé.
Tout d’abord, Elenor. C’est une jeune femme fougueuse, pétrie d’idéaux et qui refuse de se soumettre aux règles rigides corsetant les habitants de la Haute Ville. Car chacun d’entre eux, passé la formation de plusieurs années, doivent choisir une guilde et une seule pour laquelle ils devront travailler toute leur vie. Elenor refuse et réclame le droit, justement, de ne pas choisir. J’aime son idéalisme, mais elle reste méthodique et concentrée sur ses objectifs malgré tout.
Keller, ensuite. Sa mère, issue de la Ville Basse, a eu une aventure d’une seule nuit avec un habitant de la Haute Ville. Je dois noter ici que seuls ces derniers ont le droit de descendre de temps en temps, bien que ce soit mal vu. L’inverse ne fonctionne pas : les habitants de la Ville Basse ne peuvent pas du tout se rendre dans les quartiers privilégiés. Keller, fruit de cette union hasardeuse, voudrait retrouver ce père inconnu. Il tient une auberge qui s’appelle La Frontière, située à la limite de Haute Ville. Cet endroit résume assez bien sa condition de bâtard. Il a les pieds ancrés en Ville Basse, mais les yeux tournés vers la Haute Ville, dont il apprend la langue, les coutumes, la culture. Sa frustration est un très bon moteur pour l’intrigue, qui selon moi s’allie très bien avec l’intelligence d’Elenor. Tous les deux sont plein d’espoir et veulent un monde plus égalitaire.
Le troisième personnage, Sornar, est plus flou. On sait qu’il est l’homme à la tête de la Guilde de l’Ombre, normalement vouée à la sécurité de la ville mais en vérité, on apprend rapidement que ces hommes n’obéissent qu’à Sornar, et Sornar qu’à lui-même. Il est érudit, très érudit, et on perçoit très vite qu’il a une ambition démesurée… S’il reste assez difficile à comprendre dans ce premier tome, il n’en est pas moins très intéressant et ses projets commencent à apparaître. Il faut le signaler, car il est central pour la suite.
J’ai aimé cette particularité un peu magique : l’utilisation de l’esprit. Les habitants de Haute Ville apprennent à maîtriser l’esprit pour faciliter leur concentration, leurs efforts physiques, se soigner, et employer le verbe, c’est-à-dire que pendant leurs discours, ils envoient des images mentales à leurs auditeurs avec une grande force de persuasion. L’esprit les rend plus forts, plus adroits, plus concentrés, en bref, une bonne utilisation de l’esprit accroît les capacités d’un individu. Ils se voient greffés avant leur adolescence d’une pierre frontale, qui s’illumine dès que l’esprit est utilisé. Celui-ci est central dans l’univers de la Cité d’Albâtre. Je trouve que Pauline Pucciano a vraiment bien expliqué cet élément, et en a bien posé les limites. Et c’est là que réside la supériorité des habitants de Haute Ville sur ceux de Ville Basse. Comment ces derniers peuvent-ils se rebeller pour sortir de leur condition si leurs adversaires peuvent leur envoyer des images mentales pour les contrôler ?
C’est pourtant ce que vont tenter de faire Elenor et Keller, ensemble.
En résumé, si ce premier tome est assez classique, il pose les bases d’un univers réfléchi, complet et riche, que l’on découvre au fil des pages. L’intrigue, qui mêle beaucoup de points de vue, est plutôt simple à suivre malgré tout, et les personnages, bons ou mauvais, très travaillés. Pauline Pucciano les rend vrais et rend assez bien leur univers mental chaque fois qu’elle leur prête sa voix. La fin m’a particulièrement donné envie de lire la suite pour savoir ce qui se passe plus tard ! Je ne regrette pas du tout cette écoute et je vous la recommande chaudement !