Chronique – Martyrs Livre 1 – Olivier Peru
Auteur : Olivier Peru
Éditeur : J’ai Lu
Collection : Semi-Poche
Parution : 22 mars 2013
Pages : 694
Résumé de l’éditeur : Irmine et Helbrand, deux frères assassins descendant d’un ancien peuple guerrier, vivent dans les ombres de la plus grande cité du royaume de Palerkan. Alors qu’ils se croient à l’abri des persécutions dont ont souffert leurs ancêtres, leur passé sanglant les rattrape, sous les traits d’un borgne qui semble nourrir pour eux de sombres projets. Et tandis que la guerre menace d’embraser le monde, que les puissants tissent de noires alliances, ils vont devoir choisir un camp. Leur martyre ne fait que commencer…
Mon avis :
Martyrs est dans ma PAL depuis un bon bout de temps. C’est d’ailleurs le premier livre d’Olivier Peru que j’entame, même si j’ai encore la série des Hauts-Conteurs et Druide dans mes réserves (j’ai une PAL monstrueuse…) Ce qui m’a décidée à le lire : le Baby Challenge Fantasy 2017 de Livraddict où il en fait partie.Je n’ai lu aucune critique avant de me plonger dans l’univers, si ce n’est quelques bribes d’Elbakin qui vante un “récit bien charpenté”. Et j’avoue que je suis d’accord avec ça.
Martyrs est dans ma PAL depuis un bon bout de temps. C’est d’ailleurs le premier livre d’Olivier Peru que j’entame, même si j’ai encore la série des Hauts-Conteurs et Druide dans mes réserves (j’ai une PAL monstrueuse…) Ce qui m’a décidée à le lire : le Baby Challenge Fantasy 2017 de Livraddict où il en fait partie.Je n’ai lu aucune critique avant de me plonger dans l’univers, si ce n’est quelques bribes d’Elbakin qui vante un “récit bien charpenté”. Et j’avoue que je suis d’accord avec ça.
Au départ, j’ai trouvé que c’était quand même assez long à se mettre en place, et que les personnages n’avaient pas forcément de lien entre eux, ne serait-ce que géographique. Quoi de commun entre les deux frères du résumé, qui contractent leurs affaires dans les bas quartiers de la ville marchande d’Alerssen et le gros rois Karmalys, qui n’a pas bougé depuis des années de sa capitale Ephysar, perdue dans l’est de son royaume ? Mais c’est justement là qu’on voit le talent d’Olivier Peru : peu à peu, son intrigue lie ces personnages tellement différents. Vous l’avez compris, je suis une très grande fan de cette histoire et de ses mystères qui, une fois révélés m’ont mise sur les fesses, bien qu’en y repensant, de nombreux indices aient été dispersés. Mais je suis une lectrice qui se laisse facilement emmener.
Le point fort de cette oeuvre pour moi, c’est réellement les personnages, fouillés, profonds. J’ai plusieurs fois eu envie de détester Karmalys, ce gros roi immonde et manipulateur, mais j’ai beaucoup trop d’empathie pour lui : il n’a jamais voulu la couronne, il porte un royaume beaucoup trop lourd pour lui et il cherche à tout prix à préserver la paix dans ce royaume que son père et son grand-père lui ont légué. J’ai presque eu pitié de lui à plusieurs reprises.
Je ne cite pas tous les personnages, que j’ai trouvé remarquablement peints, mais je dois m’arrêter sur le personnage d’Irmine. Irmine est le premier que l’on rencontre. Dès les premières pages, on le suit dans l’une de ses missions où il doit tuer des hommes. La seule personne qui compte pour lui est son grand frère Helbrand, sinon, le reste de l’humanité, il s’en cogne autant que de sa première chaussette. Les épreuves qu’il a subies depuis son enfance l’ont rendu froid et bien plus mature que ses dix-ans. En effet, il est un Arseker, un être presque surnaturel qui est taillé pour la guerre et le combat, et c’est à cause de cette nature que les Arsekers sont poursuivis et mis à mort par les soldats du roi afin de préserver la paix durement gagnée par les ancêtres de Karmalys. Il risque sa vie rien qu’en respirant. C’est au contact de la jeune Kassis qu’il va se réchauffer. Je ne spoile rien de bien important ici, l’histoire d’amour entre eux est visible à des kilomètres. Je dirais même depuis les premières pages ! Mais même si l’originalité des personnages n’est pas frappante, elle ne dessert pas l’histoire.
Kassis est un personnage que j’ai aimé, et je dois m’arrêter sur elle. Elle est la dernière descendante des Yrasen, famille dont le fief est basé à Alerssen. Ses ancêtres ont combattu le grand-père de Karmalys et ne se sont pas laissés conquérir sans rien faire les bras croisés. Si bien qu’ils ont obtenu l’indépendance de leur cité, mais en échange, les Yrasen ne pourraient sortir de leur château. Si jamais ils pointent le nez dehors, cent personnes d’Alerssen seraient exécutées. Kassis est donc prisonnière de ce château depuis sa naissance, mais elle est adolescente et frémit à l’idée de découvrir le monde. C’est là le seul but de son existence, mais elle aussi va changer. Cette jeune femme de seize ans va se rendre compte des responsabilités qui pèsent sur elle et surtout de son rôle, du fait qu’elle peut changer les choses et à sa manière exercer un certain pouvoir.
Déjà, rien qu’avec les personnages, vous voyez bien toute la trame politique complexe de l’univers. S’ajoute à cela une certaine religion du livre qui est née depuis un siècle et qui concurrence la religion déjà en place, polythéiste. La religion du livre est née alors que les fantômes ont fait leur apparition et voit dans ce retour des morts un signe de l’au-delà. Dans ce fameux livre, beaucoup de prophéties ont été inscrites, de la réunion des terres en un seul royaume au règne de Karmalys, et à mes yeux, ça en a fait une sorte de mélange entre la Bible et les prophéties de Nostradamus. On voit alors une division sociale de la société avec cette religion : les nobles restent fidèles à Ceux-qui-tissent tandis que les petites gens se convertissent et, un peu comme nos religions monothéistes finalement, attendent l’arrivée d’une sorte de messie qu’ils appellent le Roi Silence. Si au départ cette religion est négligée par les puissants, ils vont se rendre compte qu’elle peut être un instrument pour maîtriser les foules.
Bref, j’ai beaucoup, beaucoup aimé ce premier tome. L’intrigue est très bien construite et on voit les pièces se mettre en place, l’univers est clair expliqué sans pour autant que cela perde le lecteur, il fourmille aussi de richesses qui laissent rêveur sur les possibilités incroyables qu’il recèle. Olivier Peru utilise les codes classiques de la fantasy, mais en y ajoutant ses propres touches, et tout cela nous dresse un tableau magnifiquement réalisé. Je vais continuer de lire cet auteur !