ce que je vois

Chronique – Bad Buddy the series

Créateur : Aof Noppharnach Chaiyahwimhon
Acteurs : Nanon Korapat Kirdpan, Ohm Pawat Chittsawangdee
Durée : 45 min (12 épisodes)
Résumé : Histoire adaptée du roman roman Behind The Scenes de Afterday, West. Depuis qu’ils sont nés, Pran et Pat sont en concurrence. Leurs familles se détestent, et les deux garçons, aussi différents que possibles, perpétuent cette tradition. Après trois ans de séparation, ils se retrouvent dans la même université, Pran le perfectionniste en architecture, et Pat l’insouciant en ingénieurie, deux facultés qui sont elles aussi… rivales.
Bande-annonce (VOSTF) :

Mon avis : ALORS !! Déjà, faut savoir que ce BL je l’ai attendu très longtemps, mais à cause de COVID, il a été repoussé de plusieurs mois. Et je l’aime tellement que j’ai dû le regarder en entier trois fois (maintenant, je passe juste les moments que j’aime). Aussi, dernière chose : c’est pour l’instant le seul BL qu’a tourné Nanon, un acteur considéré comme très talentueux et qui a beaucoup de succès. C’est pour vous dire que le rôle l’a conquis !

Entre humour et romance

Ce BL regroupe tous les tropes que j’aime : les protagonistes se connaissent depuis longtemps en sont en quelques sortes amis d’enfance, le fameux “ennemies to lovers”, les opposés qui s’attirent, les groupes de potes gentils mais relous, et aussi l’amour à sens unique… Difficile pour moi de ne pas succomber au visionnage de ce drama ! Je m’attendais à quelque chose de facile, léger, quelque chose pour me détendre. Quelque part, ça a réussi ! Mais ç’a été aussi plus profond que ça pour moi.

Avant d’en venir là, on va voir les trucs plus classiques. Vous savez déjà que le résumé m’enjaille ! L’histoire ne m’a pas déçue : je la trouve dynamique, et j’aime le rapprochement progressif entre les deux personnages. J’aime aussi le fait qu’ils restent fidèles à eux-mêmes : certes ils tombent amoureux, mais ils n’arrêtent pas pour autant d’entrer en compétition pour tout et n’importe quoi et de se disputer pour des broutilles (mais c’est ça qui est drôle). Il n’y a pas de changement drastique de caractère. J’ai aussi beaucoup aimé l’humour qu’il y a partout. La relation entre les persos l’est, les side-kicks (coucou Korn mono-sourcil) le sont aussi même si parfois c’est à la limite du lourd. J’aime que les moments romantiques ne soient pas trop… trop. Quand le personnage de Pat a des répliques clichées, Pran le remet à sa place avec un sourcil qui se soulève ou un semblant de moue dégoûtée. Ça relâche un peu l’atmosphère et ça m’évite d’aller vomir dans un coin. Ça n’enlève rien à l’émotion ! Certaines scènes sont intenses et superbes, mais elles ne sont pas alourdies par des dialogues super clichés. Parfois même, on voir juste les expressions des acteurs, silencieux, et c’est encore plus puissant pour moi. Ça sonne juste et vrai. Pas du romantisme à outrance.

La performance de Nanon

Nanon est incroyable pour ça. Je l’avais déjà vu dans d’autres dramas, et j’aime beaucoup comment il incarne ses personnages. Avec Pran, il a fait un excellent travail : ses expressions et ses regards sont justes, ils portent toute l’émotion nécessaire à ce qu’on comprenne ce que ressent Pran. Quelques exemples de gifs trouvés sur tumblr pour illustrer ce petit point :

Plusieurs fois j’ai pleuré grâce à son jeu, et j’ai réussi à comprendre bien avant que ce soit explicité dans la narration ce qu’il éprouvait et depuis combien de temps. Bref. Vrai coup de cœur pour cet acteur.

Une relation qui casse les clichés de représentation

Il faut savoir que dans le boys love, le yaoi et toute cette industrie créée généralement pour les femmes, il y a toutes une ribambelle de stéréotypes qui persistent. Le plus important et le plus dérangeant pour moi, c’est le “dominant / dominé”, “seme / uke” ou “top / bottom” comme vous voulez. On le voit hein : le gars qui est super musclé, super masculin et l’autre plus fin, plus frêle, plus fragile. Et bien entendu, le deuxième est censé représenter le “rôle féminin” du couple. Dans beaucoup beaucoup beaucoup de dramas BL thaï, ça va être récupéré dans la dynamique mari et femme, et c’est dit comme ça “tu seras ma femme”. OUI JE…. *se calme* vous comprendrez que c’est quelque chose que j’ai beaucoup de mal à avaler. Déjà de base, dans une relation hétérosexuelle, cantonner les personnes à leur genre et donc les mettre dans les cases de ce qu’elles devraient être, ça m’insupporte. Mais dans une relation de personnes de même sexe/genre… Pourquoi, en fait ? Pourquoi vouloir copier un schéma genré et dépassé ?
Dans le drama, Pat essaie à un moment d’instaurer cette dynamique, mais même sans que Pran lui dise qu’il n’en a pas envie, que c’est trop bizarre, moi-même je l’ai senti. C’est bizarre de base, on est d’accord, mais plus encore pour eux. Bon, certes, Ohm, l’acteur de Pat, est plus baraqué que Nanon, mais la différence de taille et de constitution n’est pas flagrante et surtout Pran n’est pas du genre docile à se laisser enquiquiner. C’est même lui qu’appellent ses potes en priorité au tout début, dès la première scène, quand y’a une bagarre. Et puis, plus profond que ces simples remarques physiques, y’a aussi quelque chose dans la narration qui fait qu’on les sent dans une relation d’égalité. Y’a pas ce rapport de force avec le dominant mâle alpha qui va “faire l’homme”et l’autre qui subit ses assauts parce que c’est un vrai homme et qu’il a des besoins. Ça passe par des petits placements symboliques, par exemple comme ça :

Je ne peux pas vous en dire plus au risque de vous spoiler, mais si vous maîtrisez l’anglais, je vous conseille cet article qui m’avait vraiment plu pour expliquer et approfondir ce point. Bon, il risque de poiler si vous n’avez rien vu, il analyse pas mal !

En conclusion

Plus qu’une relation entre deux garçons, c’est l’accent autour de l’impossibilité de faire taire leur sentiments l’un pour l’autre, malgré tous les obstacles, qui est mise en avant. Et ça, ça fait du bien. Parce que, marre un peu des fictions qui dramatise les relations homosexuelles en se focalisation sur la discrimination et tout le reste. Oui, on sait que ça existe. Mais fichez-nous la paix et montrez-nous des romances heureuses, équilibrées et saines. Montrez-nous que ça aussi, ça existe. La représentation est tellement importante qu’on se doit de montrer que oui, on peut être heureux.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *